San Miguel de Escalada
Mauvais trip
pour Bascougnet Petit Scarabée. En traversant Burgo Ranero, il a bu l’eau d’une
mare, dérangeant la gent batracienne et s’accomodant d’un évident manque
d’hygiène. Arrivé à San Miguel de Escalada sa vue se brouille pendant qu’il
tente de dessiner une fenêtre à claustras de style mudejar ou mozarabe ;
l’un ou l’autre, il ne sait plus car son esprit est à son tour atteint et,
comme l’a pressenti Goya, el sueño de la
razon produce monstruos.
Bascougnet Petit Scarabée vole maintenant vers Saint
Jacques sur un goret ailé …
Et les pâtres, penchés aux rampes des montagnes,
Se le montraient flambant, au loin, dans les campagnes,
Comme une tour de feu, ce grand cavalier d’or,
Et disaient : C’est saint Jacques ou bien Campeador,
Confondant tous les deux dans une même gloire
L’un, pour mieux l’admirer, l’autre, pour mieux y croire… (1)
Inquiétée par
le vol d’un autour, sa Babieca porcine soudain se complait au rase-mottes. Mal
lui en prend , un énorme crapaud effraie le goret et précipite le cavalier
cochonier cul par dessus tête, la matière grise transmutée en meringue.
Pour se rassurer
Bascougnet-Petit-Scarabée entonne à tue-tête la chanson des fous…
Le crapaud noir sur le sol blanc
Me fixe indubitablement
Avec des yeux plus grands que n'est grande sa tête;
Ce sont les yeux qu'on m'a volés
Quand mes regards s'en sont allés,
Un soir, que je tournai la tête.
Mon frère ? - il est quelqu'un qui ment,
Avec de la farine entre ses dents ;
C'est lui, jambes et bras en croix,
Qui tourne au loin, là-bas,
Qui tourne au vent,
Sur ce moulin de bois.
Et celui-ci, c'est mon cousin
Qui fut curé et but si fort du vin
Que le soleil en devint rouge;
J'ai su qu'il habitait un bouge,
Avec des morts, dans ses armoires.
Car nous avons pour génitoires
Deux cailloux
Et pour monnaie un sac de poux,
Nous, les trois fous,
Qui épousons, au clair de lune,
Trois folles dames, sur la dune. (2)
… A-t-il perdu
la raison ? Comme l’a si bien fait remarquer Jean Baptiste Daban Darré
(3), chanter la danse des canards ne donne pas la grippe aviaire. Il est donc permis
d’entonner la chanson des fous sans témoigner de séquelles durables.
NOTES :
(1) Jules BARBEY D'AUREVILLY
(2) Emile Vérhaeren Émile Verhaeren
est né en 1855 à Saint-Amand, près d'Anvers, et il est mort écrasé par un
train, en 1916, à Rouen. Nobody’s perfect.
(3) Jean Baptiste Daban-Darré {actes
du colloque Université et Ruralité Lourdios-Ichère 2005 }
© Informatique Basco-Béarnaise Moderne
™®
Page en construction….