SANTO DOMINGO DE LA CALZADA
Il fait froid
ce soir dans la Rioja. Bascougnet-Petit-Scarabée trouve une nouvelle
plume : méfiance, elle appartient peut-être aux volailles sacrées que l’on
conserve dans la cathédrale… Mais
non ; elle provient de l’ange du bon secours, qui joue ainsi au petit poucet céleste pour le guider vers le
parador de tourisme voisin.
Tous ces anges
ont perdu depuis longtemps le sens des réalités. Bascougnet Petit Scarabée ne
peut consacrer 120 euros (petit déjeuner non compris) à une chambre.Alors il
s’approche d’une fenêtre du restaurant, tel le diable boiteux de Luis Vélez de Guevara ou un télespectateur
de M6 regardant le « loft »…
Il y a là la
Duchesse de Medina-Sidonia qui raconte a une ex-fiancée de Paul Carbone
comme
la vie était belle lorsque Grands d’Espagne et pontes de l’Opus Dei lutinaient
sa toison d’or, et comme elle pourrait le rester en dépit du malheur des temps
et de la noirceur des hommes. Pour le malheur des temps l’ex-fiancée ne sait
pas trop. Pour la noirceur des hommes, par contre….
Offrant à la
cheminée leur dos lascif Cipión
et Berganza
ont entrepris une tertulia qui promet de faire bailler
le maître d’hotel et d’exaspérer les serveurs. Mais c’est la règle du jeu.
Occupant deux
tables voisines, Jaun Andres Ezcurdia
et Cees
Nooteboom s’ignorent superbement.
Cees Nooteboom
est ennuyé car la langue batave ne lui
offre pas d’équivalent pour le mot cuajada, dans toute sa collection de
guides et de dictionnaires seule la verion basque –gatzatu- est
proposée. Cela le rend mélancolique et lui fait pressentir que la
substantifique moëlle de l’Espagne, ce n’est peut être pas Velasquez, Zurbaran,
Felipe II ou Carlos Quinto, mais les têtes de mouton rôti, le vin noir les cigarettes
« ideales » qu’on lui offrit, voici quelques lustres, en
Andalousie…
Juan Andres
Ezcurdia lui, couve d’un œil protubérant la serveuse callipyge et spécule sur
sa vénalité…
Cela sent la
routine. Sancho, le chef cuistot, dans l’embrasure d’une porte, se plaint
auprès de Saavedra, le maître d’hôtel du mauvais tour que lui joue la Compagnie
Electrique de l’Ebre. Sur le plateau ou il devait ouvrir son restaurant
typique, au dessus de Poza de la Sal, des centaines d’éoliennes ont été
installées. Saavedra essaie en vain de le convaincre du fait que ce ne sont,
après tout, que des moulins à vent, et que dans la Manche, c’est la première
des attractions touristiques. Voilà qui ne rassenère pas Sancho, il retourne
aux cuisines la figure triste, et se rêve dynamitero, et non plus roi de la
quiche…
Les trois
toulousains aux noms à consonnance ibérique, Guirao velasquez et Pradal,
exaspèrent peu à peu tous les convives en faisant des chanter leurs verres de
cristal et tinter en mesure leurs couverts en croix, comme cela se pratique
pour la Saint Jean, du côté de Montauban.
Une grande
lassitude envahit soudain Bascougnet-Petit-Scarabée qui sort son carnet de
croquis et entreprend de dessiner de mémoire le clocher de la cathédrale
maintenant noyé dans la noche oscura…
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